Edito 1987
ECLAT (deuxième du nom) est LE Festival Européen du Théâtre de Rue. C’est le plus beau, le plus chic, et c’est d’ailleurs le seul… une sorte de Coupe d’Europe de cet art difficile qui les rassemble tous : la rue.
Mais attention, « théâtre de rue » ne veut pas dire « n’importe quoi dans les courants d’air ». En 68 et néo 68, il suffisait de beugler « à bas les bourgeois » sur un cageot recyclé tribune. Peu importait le talent, il y avait l’ivresse. Nous n’en sommes plus du tout là. Il s’agit maintenant d’offrir à un public « en liberté » - pas forcé d’applaudir, pas forcé de rester, pas même forcé de se montrer poli – un évènement assez surprenant, attachant, pour le clouer sur place.
Dans la rue, le spectateur est flou : c’est un passant, c’est vous, c’est moi, l’inconnu, le mal luné, le ravi d’avance, la petite blonde, le pressé, le pas curieux, les trois gamins, le sceptique, les autres.
Dans la rue, il faut séduire.
Certains utiliseront la violence (qui d’ailleurs trouve sa place sur le bitume bien mieux que dans les fauteuils rouges des théâtres), l’image excessive, la démesure. Pour d’autres, ce sera le geste infime, le léger décalage qui, sournoisement, vous fait loucher. Pour tous, ce sera le rire ou la peur. La beauté visuelle : l’émotion.
ECLAT 87, c’est la rencontre fortuite, dans le soleil ou sous la pluie, du quidam et de l’émotion.
Marie-Ange Guillaume
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